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29 mars 2011

Souffrance au travail . Quand c'est fini ça recommence

      C'est reparti ! Récemment 2 suicides parmi le personnel d'une école de commerce :
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      On espère que les responsables ne vont pas parler d'un effet de mode ou de fragilité personnelle comme l'avait fait en son temps Didier Lombard PDG de France Télécom.
      Bien entendu, le mal être au travail reconnu n'a pas le même impact direct que les conséquences de l'avancée des mouvements démocratiques au Moyen Orient ou que celles du  tremblement de terre et du tsunami au Japon et pourtant il suffit de regarder les occupants des ascenseurs des immeubles de bureaux  et de les écouter pour comprendre que la journée de travail va être au mieux aussi mauvaise que celle d'hier sinon pire.
      Ce mal être fait de symptômes divers qu'on rassemble sous une terminologie banalisée et d'usage quotidien se nomme le stress. Cette banalité de langage  (tout est exagérément "stressant" et tout le monde est continuellement "stressé") ne réussit pas à masquer qu'entre 2000 et 2007 l'estimation du cout du "stress professionnel" est malgré tout  passé de 1,6 à 3 milliards d'euros.

      Ces évaluations mériteraient d'être précisées mais on pourrait sans doute y retrouver le manque à gagner en terme de journées de travail et concernant les dépenses en soins et maladies diverses qui incombent à la Sécurité Sociale...on y reviendra.
 
      Quelles ressources faut-il que les individus mobilisent  pour trouver  chaque jour assez d'énergie pour recommencer à affronter l'insurmontable, l'arbitraire, la disqualification, l'humiliation, les responsabilités croissantes, la demande de performance exacerbée, de créativité, l'exigence d'adaptation permanente sans que des compensations matérielles ou narcissiques ne puissent être attendues ?

      On ne parlera pas de ces travailleurs du nucléaire, salariés d'entreprises sous traitantes,  qui  sont soumis aux mêmes pressions mais  doivent en plus et avant tout, veiller à ne pas se faire tuer par leur travail et par des sur doses d'exposition aux radiations.
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      Notons que les pompiers  japonais qui arrosent en ce moment les cuves de confinement et les piscines de refroidissement altérées perçoivent la somme mirobolante de 15 € par jour comme prime de risque.Gageons qu'ils doivent avoir quand même les yeux fixés sur leur dosimètre !
      Pourquoi les organisations, et pas seulement celles dont la dangerosité est avérée, génèrent-elles ce climat délétère ?  En effet cette souffrance morale se rencontre probablement partout y compris  chez celles  que la vulgate identifie comme quasiment protégées et tranquilles: les services publics et les fonctionnaires.

      Dans un article récent  Christophe Dejours  ( le Monde 22/03/2011)  titre en pleine page  " Sortir de la souffrance au travail" avec en toile de fond la question de l'organisation du travail. C. Dejours longtemps, dans l'ombre est venu sur le devant de la scène critique ( avec Marie France Hirigoyen ) avec la fin de l'omerta concernant le ressenti au travail. Avec les passages à l'acte sur les lieux de travail d'un certain nombre de salariés,les langues se sont déliées et les organisations ont été interpellées. C'est pourquoi il conviendrait sans doute plutôt de titrer  " Sortir du système économique qui génère la souffrance au travail".

      Grossièrement, le régime du "marche ou crève" est maintenant dénoncé et la représentation du salarié comme un être laxiste irresponsable et profiteur, désimpliqué et démotivé à vécu.

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