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15 août 2011

Souffrance au travail. Comment ne pas évoluer professionnellement

    Dans un article du Monde du 11/04/2011 "mensonges méritocratique" Richard Sennett

 constate que les cadres supérieurs ont souvent des compétences moindres que leur subalternes. Ce point de vue empirique est depuis longtemps partagé par les acteurs des organisations en des termes moins choisis. En effet les expériences des uns et des autres convergent toutes vers la même interrogation au sujet de la pertinence et l'intelligence des situations manifestées par les managers. Dans le droit fil de cette constatation vient immédiatement une deuxième interrogation : de quelle (in)compétence sont-ils les détenteurs puisque il leur arrive souvent de complexifier le travail au lieu de contribuer à sa facilitation et comment parviennent-t-ils à se maintenir en poste malgré leur inefficacité patente.

Faut-il qu'ils soient dotés de pouvoirs qui échappent au commun des salariés ? Ou plus exactement, pourquoi  la "supercherie" n'est-elle pas dénoncée ?

Il y a sans doute un parallèle à faire avec le taylorisme. Bien entendu formellement l'organisation et la division du travail  ont vécu. Le travail s'est complexifié et la productivité a augmenté. Par ailleurs concernant le travail rappelons ce qui a déjà été dit :

   - La technicité des opérateurs a considérablement augmenté et s'appuie sur  des outils technologiques mais aussi de stratégies ( qu'elles soient individuelles ou collectives)  qu'ils doivent maintenant construire pour atteindre des objectifs qu'ils se sont eux même fixé.

    - Quoiqu'il en soit de la-plus-de-valeur produite, elle n'est jamais suffisante mais malgré tout récupérée sous formes de valeurs morales. L'organisation se renforce du travail des opérateurs sans que ces derniers en bénéficient 

    - Dans ce contexte le travail des opérateurs devient devient moins important qu'il n'y parait  mais contribue à renforcer l'image que l'organisation se fait d'elle même augmente d'autant les signaux incitateurs au travail et porteurs de valeurs auxquelles il convient de s'identifier.

    - Sans le préconiser clairement l'organisation convie les opérateurs à adopter des comportements qui sont devenus des oriflammes de l'organisation et de ses dirigeants et auxquels  ils s'identifient comme étant des lieux de pouvoirs.

  - l'atteinte de ces lieux de pouvoirs est tout à fait impossible sauf à en passer par les rites initiatique ou les alliances contre nature

   - pendant que le combat pour prendre "la place du père" s'organise et que le management (dit supérieur) fait ce qui lui semble être son travail,  la technicité des opérateurs se renforce sans que cela puisse  constituer en aucune manière des leviers de progression professionnelle.

On observe alors deux catégories d'individus dans l'organisation :

 - Ceux qui affichent leurs  responsabilités hautement déclarées  ( pour quels objectifs, aux yeux de qui ?) et demandent la lune sans vraiment savoir pourquoi ni comment faute de budget ou infrastructures techniques ou encore de décisions politiques claires,

  - Ceux qui se trouvent confrontés à des incompétences patentes des "petits chefs" (quelque soit leur place dans la hiérarchie) et qui malgré les discours ronflants et creux du management génèrent l’inverse de ce qu'il sont censés produire. Les opérateurs sont donc tout naturellement incompris, frustrés et dans une colère légitime face à l'imposture de ces petits caudillos de bureau ou d'atelier qui ne parviennent qu'à une chose , celle de faire disparaitre les communications sociales,  jugée improductives. Dans cette ambiance les opérateurs vont jusqu'à se plaindre de "ne plus avoir le temps de se parler, même du travail..."

Face à cet état de fait, les organisations multiplient les injonctions à communiquer entre le services  ce qui naturellement est peine perdue puisque la méfiance collective s'étant progressivement installée , il devient au fond moins inconfortable de défendre son pré carré plutôt que de risquer de le mettre en commun et de se déposséder de ce territoire au profit du plus grand nombre

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