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8 juin 2011

Souffrance au travail. Comment renforcer la souffrance au travail

Il existe des maladies physiques liées au travail qui sont reconnues comme maladies professionnelles (amiante, silicose, exposition au plomb, aux radiations, aux divers produits phytosanitaires...) mais sauf cas récents et isolés, il n'existe pas de maladies mentales spécifiques liées au travail.
Pourtant la souffrance au travail n'est pas un phénomène récent. On peut même avancer que la pénibilité à diminué par rapport au XIX siècle. Christophe Dejours relève qu'à cette époque il existait sans doute des stratégies de défense efficaces pour éviter la décompensation. Les salariés étaient en effet partie intégrante d'un collectif dans lequel ils se reconnaissaient, qui contribuait à construire leur identité et qui les protégeaient la plupart du temps
Ainsi pour faire face à la souffrance, ce construit collectif était entretenu et transmis. Il agissait comme une protection voire une résistance à la pénibilité à l'isolement et à la souffrance.
Aujourd’hui les contraintes du travail qui provoquent la souffrance sont bien repérées.

On peut mettre en avant l'organisation du travail.
Pour des raisons d'orientation économique qui ont été déjà signalées (voir messages précédents) on peut rappeler que le travail est toujours encadré par des prescriptions directives sous forme d'ordres, que le contrôle s'exerce sur la bonne exécution des ordres et qu'il s'étend à tout le collectif de travail en devenant un contrôle de l'ordre social.
C. Dejours note que les pathologies mentales liées au travail augmentent régulièrement et représentent entre 3 et 6% du PIB des pays industrialisés.

La deuxième grande contrainte malgré les terminologies réductrices employées par les organisations est l'évaluation individualisée des performances.
On prétend mesurer le travail mais l'essentiel du travail est subjectif. En effet l'environnement résiste à la maitrise totale scientifique et technique voire au savoir faire et si ce n'était pas le cas on pourrait se passer des hommes et les remplacer par des machines.
Le réel résiste donc et pour le surmonter il faut faire face à l'imprévu, inventer des procédures et endurer l'échec. En fait on ne mesure que ce qui est visible et donc on ne peut mesurer le travail mais au mieux le résultat du travail sans qu'il y ait de proportionnalité entre le travail lui même et le résultat du travail. Dans un autre domaine on peut dire qu'il n'y a aucune proportionnalité entre connaitre l'existence de l'inconscient et s'allonger sur un divan de psychanalyste...
L'évaluation avec l'entretien qui est un outil d'accompagnement tout a fait discutable, est nuisible et pathogène. Outre le fait qu'il ne représente même pas un moment d'échange psychosocial, il s'avère qu'en étant précisément individuel il casse le collectif de travail, nuit à la coopération, crée de la concurrence entre les individus, détruit la loyauté et la confiance entre les personnes et pour peu, comme c'est souvent le cas, qu'il soit lié à une augmentation de salaire, les effets de nuisance sont renforcés.
En accompagnant cette pratique d'un discours autour du danger, de l'avenir incertain, de la crise et de la guerre économique, on casse la solidarité et les stratégies de défense collectives.

La dernière contrainte est la qualité totale.
Outre le fait que cet objectif est pour le moins mégalomaniaque on observe en fait que partout ou ce système est mis en œuvre,  une généralisation implicitement concertée de la fraude comme moyen de parvenir à l’objectif. Pour s’en convaincre, il suffit de lire certains rapports d'activité pour constater quelques "oublis"

Toutes ces procédures sont pseudo scientifiques et irrationnelles et nous éloignent chaque jour davantage d’une transformation rationnelle de l'organisation du travail.


http://www.dailymotion.com/video/x82e0c_christophe-dejours-stress-au-travai_news





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