On pourrait penser que les managers sont directement responsables de la souffrance au travail mais il n’en est parfois rien. La responsabilité directe incombe aux directions qui laissent faire voire qui font implicitement la promotion de comportements de pression, d’humiliation et de disqualification qui seraient supposés permettre d’atteindre des objectifs de dépassement de soi et de performativité.
Toutes choses égales par ailleurs, on sait que lorsque le sang coule sur un dojo ce n’est pas le fautif qu’il faut blâmer mais celui qui a permis et plutôt encouragé que cela se passe en laissant s’exprimer la force, le sadisme, la volonté de pouvoir et la perversité.
Le petit chef pervers est bien celui qui surinterprète le cadre idéologique dans lequel il est placé et qui, faisant fi de la plus élémentaire solidarité, va s’exonérer des conséquences générées par sa mauvaise interprétation des contextes. Il va alors, imputer les incongruités organisationnelles rencontrées à l'incompétence et à la mauvaise volonté de ses propres collaborateurs. Il les rendra donc responsables de son impuissance à générer «plus de valeur »
Il est en effet de bon ton de se défausser sur les autres des objectifs irréalistes et de considérer explicitement que les salariés sont bien les agents de progression, et qu’ils ils constituent une force d’inertie qu’il s’agit de mobiliser en la « motivant » par les pressions qu’on a déjà signalées . Le résultat n’est jamais à la hauteur des espérances et, dans le contexte d’incompétence ressenti plus ou moins objectivement des uns et des autres, ce qui traverse les organisations, outre la volonté de pouvoir, c’est bien la méfiance généralisée.
Dans cet environnement, l’EAEC est un jeu de dupe et un tir aux pigeons où seuls les rescapés Pygmalions qui ne sont pas les plus malins ni les plus compétents mais les plus dissimulateurs se verront octroyer une reconnaissance qu’il paieront souvent plus cher, notamment en terme de souffrance psychique, que ce qu’elle pourrait leur rapporter. Dans cette sorte de chasse du Comte Zaroff institutionnalisée, la majorité des salariés n’en sort jamais indemne.
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