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22 septembre 2011

Souffrance au travail. Le management par l'intimidation

    
            Les causes de malaise dans le travail sont multiples mais on retrouve en premier lieu l'augmentation de la charge de travail pour une production constante et des bénéfices en augmentation. Organiser, rationaliser le travail pour qu'il génère des bénéfices, l'idée n'est ni nouvelle ni originale mais elle atteint aujourd’hui les limites du supportable.

           On peut citer cet organisme de sécurité sociale de l'Est de la France ou les employés doivent traiter un certain nombre de dossiers quelque soit leur complexité et qui se voient contraint de trier les plus faciles pour tendre vers le résultat imposé sans toutefois jamais l'atteindre. Inutile de préciser que le collectif de travail vole en éclats et que les individus sont clairement identifiés comme des outils au service de la production... on peut comprendre leur exaspération !

On peut également citer cette clinique qui a vu le nombre de ses lits augmenter très significativement sans que soit nullement envisagé le recrutement de personnel soignant supplémentaire.

            Les conditions matérielles, les objectifs surréalistes, ne sont pas les seules causes du malaise.

On remarque que les salariés les plus exposés à la souffrance dans leur travail ne sont pas les plus dociles ni, comme on a tendance à le laisser croire, les plus fragiles comme ceux dont la faiblesse de la structure psychique est abusivement rappelée. Les plus exposés sont les plus impliqués dans leur travail sont ceux qui sont  amenés à montrer leur investissement et qui cherchent à rétablir le sens et l'intelligence de leur action. En un mot, ceux dont la tête dépasse un peu trop du rang sont décapités. 

           Le management n'est pas à un paradoxe près. Autant l'individualité et l'individualisation sont prônées, autant les comportements et les prises de position qui vont apparaitre comme étant de la contestation et non pas une invitation au débat seront pointés comme de la désobéissance et de la remise en cause de la légitimité supposée du manager.

A vrai dire l'injonction majeure du management c'est l'obéissance même si les ordres peuvent être discutables voire contradictoires. On aurait tort de s'en étonner. L’entreprise et l'organisation qui en découle se sont construites selon des modèles préexistants de deux institutions : l'armée et les ordres religieux.

A l'armée, l'entreprise à emprunté le principe d'obéissance. Même si la notion a évoluée on la retrouve dans les apprentissages à l'ordre : l'efficacité étant entendue comme l’exécution immédiate et irréfutable des ordres présentés comme des stratégies. 

Aux ordres religieux l'entreprise à emprunté la légitimité divine. Le chef religieux parle et commande au nom d'un dieu et de ses ordres divins comme le manager commande au nom d'une politique d'essence supra humaine dictée par l'évidence de la situation (la crise, le marché, le contexte, la productivité...) 

En raison de ces modèles fondateurs on observe la quasi généralisation d'un management " à l'intimidation" qui mobilise l’obéissance indéfectible et le risque immanent de l'éviction.

.... quand le manager est lui même un ancien militaire on frise le sublime !

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