Bienvenue sur ce blog dédié à la souffrance au travail, créé par Gérard Delmas. N'hésitez pas à laisser ou proposer vos commentaires, réactions ou réflexions.

15 octobre 2011

Souffrance au travail. Les pathologies professionnelles

Le réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P)associé à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail (ANSES) a publié un rapport concernant 200 000 données recueillies au cours des 10 dernières années par les centres de consultation des CHU et les services de santé au travail.

Les données de 32 centres de consultation de pathologie professionnelles et de 9 services de santé du travail effectuée avant la prise en charge effective des malades concernent les maladies imputables aux contextes professionnels. 

            Le rapport confirme surtout l'explosion des troubles mentaux imputables au travail, très rares il y a 10 ans et constituant aujourd’hui 22% des consultations en CHU. Ces données se situent après les consultations pour troubles respiratoires (24%) mais devant les pathologies cutanées (17%) et ostéo-articulaires (12%)

Cette étude montre que les femmes ont 4,27 fois plus de risque de consulter pour troubles mentaux que les hommes. Cet état de fait s'expliquant par le fait que les femmes travaillent plus fréquemment que les hommes dans le secteur tertiaire reconnu pour être hautement risqué pour la santé mentale  (voir le quotidien du médecin 6 octobre 2011- Coline Garré )

Le réseau à l'origine de l'étude dessine les contours des risques professionnels présents et futurs et démontre la multiplication des cas pathologiques en lien avec une profession. 
            A ce stade l’observation ne porte plus sur les "risques psychosociaux" mais sur les pathologies déclarées et s’appuie sur un recueil scientifique. Le stade du stress plus ou moins bien maitrisé est dépassé et les données portent sur des pathologies identifiées.

            Nous n'en sommes pas encore à catégoriser les relations sociales pathogènes dans les organisations mais il y a tout lieu d'espérer qu'on verra bientôt certaines pratiques managériales offensives et destructrices identifiées comme étant nocives au même titre que l’amiante.

...à ce moment, certains petits chefs devront s’inquiéter avant d'être "interdit de vente "

4 octobre 2011

Souffrance au travail. Le lean management

       On arrête pas le progrès. La course aux bénéfices et à la rentabilité a accouché dans une grande discrétion d'un mode de management fruit de la fusion des défunts "cercle de qualité" et de l'organisation taylorienne.


     Directement inspiré des modes de gestion japonais puis américains "le Lean manufacturing" vise à impliquer les salariés en continu afin qu'ils puissent perfectionner sans relâche le travail.  

     Les consultants spécialisés proposent une méthode  permettant de supprimer tout gaspillage dans la production : c'est, remis au gout du jour, la méthode des Zéros (0 défaut, 0 délai, 0 stock, 0 panne, 0 papier, 0 attente, ...) dans laquelle les salariés sont conviés à s'impliquer à travers diverses réunions de "propositions d'amélioration du travail" ou il est de bon ton de participer activement faute de quoi l'évolution salariale pourrait s'en ressentir.


     Ces habits neufs du management le Lean manufacturing qui  pourrait se traduire assez fidèlement par l'ancienne défroque du "juste à temps", ces cercles de qualité newlook sont des transcriptions directes du toyotisme. On avait connu les Chicago boys et voila qu'apparaissent les MIT boys.

      Ce qui était originalement visé par les cercles de qualité était la qualité de travail, la réduction de la pénibilité et bien entendu la productivité. Avec le Lean les ergonomes s'accordent à constater que dans 97% des cas seule la productivité est visée. De la même façon, il n'y avait naturellement pas d'angélisme à faire redessiner par les femmes de chambre d'une chaine hôtelière les chariots de nettoyage mais à l'époque cette démarche pouvait superficiellement passer pour moderne et finalement sociale.

     La tentation est grande de généraliser ce mode de management aux services publics et ainsi de faire un bon en arrière de plusieurs années. Pour le moment la discrétion est de mise mais sous l'égide de l'évaluation des performances, des pans entier de l'activité de service ( hôpitaux , transports, poste, police, enseignement ...) sont visés et on s'en approche.... Quand on vous disait que le taylorisme n'était pas mort !